CONSTRUCTIVISME

1) Définitions

Le terme constructivisme, actuellement très employé, correspond à une triple acception, dont les termes ne se recouvrent pas exactement, même s’ils ne sont pas sans rapport.

J.P. Astolfi, Mots clés de la didactique des sciences, 1997, De Boeck.

2) Le point sur la question

1.      En psychologie, ce terme concerne le modèle sue l’on adopte pour appréhender l’activité intellectuelle du sujet aux prises avec la résolution d’un problème. Le point de vue constructiviste s’oppose ici par exemple à un point de vue béhavioriste, longtemps dominant en psychologie. Il peut emprunter au modèle piagétien de la psychanalyse génétique (qui examine la construction d’invariants opératoires, à caractère général, au cours du développement) ou au modèle de traitement de l'information (qui privilégie les mécanismes locaux, à l'occasion de chaque type de problème à résoudre).

2.      En épistémologie, ce terme concerne la conception que l’on se fait de l’objet du savoir, du rapport entre les données empiriques (les «faits») et les constructions théoriques (les «lois» ou «théories»). Le point de vue constructiviste s’oppose ici au point de vue empiriste et positiviste dont même les scientifiques ont du mal à se défaire et qui conduit à comprendre l’activité scientifique comme une manière «d’écarter le rideau» (grâce à une instrumentation et à des méthodologies de plus en plus performantes) pour accéder à des lois naturelles jusque-là cachées. Le constructivisme insiste au contraire sur le caractère hautement construit des «objets» de la science.

3.      En didactique, ce terme désigne plutôt les procédures d’enseignement quand elles mettent l’élève au cœur des apprentissages scolaires. Le point de vue constructivisme s’oppose ici au point de vue transmissif. Il peut emprunter aux orientations classiques de l’éducation nouvelle (qui privilégie par exemple l’intérêt et la motivation de l’élève, sa libre activité, la richesse du milieu scolaire etc.) ou aux voies plus récentes de certaines didactiques (qui insistent sur la construction de situations plus «calibrées» qui enrôlent l’élève, l’enseignant ayant à charge d’étayer les apprentissages en cours, d’une façon non substitutive).

D’une manière ou d’une autre, il s’agit d’admettre que les connaissances se construisent. Que ce soit de façon progressive et continue, ou bien par ruptures, l’activité du sujet conduit aux remodelages et aux réorganisations qu’implique l’apprentissage. Le constructivisme relève donc en tout premier lieu d’une théorie des apprentissages et trouve plus particulièrement son origine dans la conception piagétienne  de l’équilibration des structures cognitives.

J.P. Astolfi, Mots clés de la didactique des sciences, 1997, De Boeck.