OBJECTIF(S)
1) Définitions
Un objectif définit un résultat à atteindre dans un contexte donné. Le résultat est exprimé en verbes d'action, il est observable ou mesurable.
On distingue trois types d'objectifs : le savoir (connaissances), le savoir-faire (compétences), et le savoir-être (comportement). (Petit dict. de la formation - E.S.F.)
Un objectif général est un énoncé d'intentions pédagogiques décrivant en termes de capacités de l'apprenant l'un des résultats escomptés d'une séquence d'apprentissage.
C'est le résultat escompté par opposition au but qui énonce le résultat recherché. En formulant des objectifs généraux, on se centre sur les apprenants et leurs capacités à développer et non plus sur les contenus à transmettre. (D. Hameline)
Quelques exemples : savoir écrire un texte, résoudre un problème...
Un objectif spécifique ou opérationnel est issu de la démultiplication d'un objectif général de façon que l'activité de l'apprenant soit identifiable par un comportement observable. Le résultat est donc exprimé par un verbe d'action, il est observable ou mesurable.
Exemples: savoir écrire un conte à partir d'une amorce narrative, savoir résoudre un problème à deux opérations sous la forme d'une seule équation...
2) Le point sur la question
2-1. La pédagogie par objectifs n'existe pas
Quand, dans les années 70, on a commencé à réfléchir et à faire des recherches sur la définition des objectifs pédagogiques, on a pris l'habitude de parler de « pédagogie par objectifs » or, comme le dit D.Hameline: « La pédagogie par objectifs, ça n'existe pas ; il est dangereux et absurde de propager l'idée que définir des objectifs pourrait tenir lieu de pédagogie ».
2-2. Avantages et inconvénients de « l'entrée par les objectifs »
La référence trop stricte (un peu dogmatique même) aux objectifs peut conduire à un certain nombre de dérives dont il faut être conscient :
a). En démultipliant à l'extrême les objectifs en sous-objectifs, on risque d'aboutir à une parcellisation excessive des taches complexes, chaque exercice proposé correspondant à un micro-objectif sensé constituer une étape dans la construction d'une compétence. Doit-on par exemple, démultiplier l'objectif général: "savoir lire" certes trop général, en un certain nombre de sous-objectifs considérés comme constitutifs de l'acte de lire :
- discriminer des sons, des formes
- repérer des mots, des similitudes
- prélever des indices
- anticiper
- mémoriser... ?
b). Cette démultiplication peut induire des pratiques pédagogiques plus proches de l'enseignement programmé ou du bachotage que de la construction de véritables compétences grâce à des situations décontextualisées.
La référence à des objectifs clairement définis, connus des apprenants et, éventuellement, négociables présente néanmoins de nombreux avantages :
- les opérations pédagogiques ne sont plus construites autour de 1 'enseignant (ce qu'il doit enseigner, transmettre...) mais autour des activités des apprenants (ce qu'ils doivent apprendre, acquérir, construire...) ;
- elle conduit à expliciter des valeurs jusque-là évacuées dans le non-dit ; elle révèle la présence de finalités inaperçues ;
- elle fournit une base rationnelle pour l'évaluation formative et permet l'auto formation ;
- elle subordonne le choix des moyens aux objectifs et non l'inverse ;
- elle forme la base d'un système :
objectifs ècontenus èressources è méthodes è évaluation qui s'améliore lui-même par un constant feed-back ;
- elle permet la communication entre enseignants et enseignés et avec les autres partenaires de l'éducation sous le signe de la clarté ;
- elle permet la définition d'un contrat bilatéral de formation que l'évaluation finale viendra vérifier ;
- elle permet d'établir les bases d'un apprentissage (et non pas d'un enseignement) individualisé ;
- elle permet d'insister sur la fonction productrice de l'apprenant au cours de sa propre formation.
« Définir et négocier des objectifs, les mettre en oeuvre, les évaluer, les reconsidérer, les remettre en chantier : il y a là un gage de sérieux et de dynamisation dans un lieu humain ou des gens sont réunis pour apprendre ». (D.Hameline)
2-3. Des objectifs-obstacles :
Ce sont des objectifs dont l'acquisition permet aux apprenants de franchir un palier.
Au lieu de considérer l'obstacle d'une façon négative, on le traduit en projet didactique et l'on en fait l'enjeu conceptuel de l'apprentissage en cours.
Cet obstacle ne doit être ni trop facile, ni trop difficile; le défi intellectuel suscité par l'obstacle doit pouvoir s'appuyer sur des compétences déjà acquises. L'apprenant devrait se trouver alors dans ce que Vygotski appelle la zone proximale de développement.
La référence aux objectifs-obstacles devrait permettre :
- de réduire le nombre d'objectifs énumérés dans les grilles en se recentrant sur ceux qui sont liés au franchissement d'un obstacle ;
- de construire des séquences autour d'un objectif-obstacle ;
- de mieux « lire » les difficultés des élèves ;
- de placer des jalons dans les démarches spiralaires préconisées par les méthodes actives en évitant ainsi des dérives ( manque d'ambition, évitement des moments décisifs renvoyés à plus tard... )
3) Autres mots
finalités, compétence, savoir(s), savoir-faire
4) Sources
Petit dictionnaire de la Formation (E.S.F.)
Dictionnaire éducation et formation (Nathan)
D.Hameline « Les objectifs pédagogiques » (E.S.F.)
Philippe Meirieu « Apprendre oui mais comment » (E.S.F.)
5) Commentaires
5-1. La pédagogie coopérative, en préconisant la construction des compétences grâce à la conception puis à la réalisation de nombreux projets coopératifs, évite la parcellisation des tâches complexes en micro-objectifs qui n’ont guère de sens pour l’apprenant et peuvent conduire à la mise en place d’apprentissages du type stimulus-réponse (conditionnement).
5-2. La définition d’objectifs clairs et leur présentation aux enfants, sous la forme de contrats ou de grilles d’auto évaluation générales, assure une transparence démocratique qui favorise les apprentissages et permet à toute la classe de participer à leur organisation en mettant en place, en particulier, des dispositifs permettant à tous d’atteindre des objectifs bien identifiés.
5-3. La classe coopérative prend particulièrement bien en compte la notion d’objectif obstacle dans la mesure où dans la réalisation de projets, les enfants sont confrontés à de véritables obstacles qu’ils doivent surmonter. Dans la réalisation de ces projets ou dans des situations d’apprentissages disciplinaires, le travail en petits groupes, grâce aux interactions qu’il favorise, permet de franchir les paliers constitués par les objectifs-obstacles d’une façon éminemment formatrice.